A trois mois des élections européennes, le RN creuse l’écart en tête, avec 13 points d’avance sur le parti présidentiel

Un double mouvement. Le Rassemblement national (RN) consolide et élargit son socle, tandis que le parti présidentiel, Renaissance, et ses alliés, le MoDem et Horizons, reculent. C’est l’enseignement majeur de la troisième vague de l’enquête électorale réalisée par Ipsos, en partenariat avec le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof), l’Institut Montaigne, la Fondation Jean Jaurès et Le Monde.
Menée du 1er au 6 mars auprès d’un échantillon représentatif de 11 770 personnes, cette enquête donne à voir un fossé croissant entre le RN, crédité de 31 % des intentions de vote parmi les personnes certaines d’aller voter (avec une marge d’erreur de 1,3 point), et Renaissance. Le parti présidentiel accuse désormais un écart de 13 points avec la liste de Jordan Bardella, à 18 % d’intentions de vote (marge d’erreur : 1 point).
A trois mois du vote du 9 juin, le face-à-face entre les deux partis menace de se muer en échappée solitaire pour le RN, tandis que le parti présidentiel passe symboliquement sous la barre des 20 %, à moins de 7 points d’écart avec la liste du Parti socialiste (PS) et de Place publique. Troisième, cette liste conduite par Raphaël Glucksmann s’établit à 11,5 % (0,9 point de marge d’erreur) des intentions de vote, en légère progression, de 1 point de pourcentage. Suivent la liste Europe Ecologie-Les Verts conduite par Marie Toussaint, à 8,5 % (0,8 point de marge d’erreur), la liste Les Républicains (LR) de François-Xavier Bellamy et celle de La France insoumise (LFI) de Manon Aubry, toutes deux à 7 % (0,7 point de marge d’erreur).
La liste menée par Marion Maréchal pour le parti d’Eric Zemmour, Reconquête !, s’établit à 5 % d’intentions de vote (0,6 point de marge d’erreur), suivie de celle du Parti communiste français de Léon Deffontaines à 3,5 % (0,5 point de marge d’erreur).
La force du RN est paradoxale. Dans notre échantillon, 73 % des sondés se disent favorables au projet européen, seuls 23 % éprouveraient un « vif soulagement » si demain on leur annonçait que l’Union européenne (UE) était abandonnée. Les sondés prévoyant de glisser dans l’urne un bulletin Bardella le 9 juin représentent un sous-groupe particulier au regard de ces données générales : eurosceptique et soucieux de faire du scrutin un marqueur de contestation de la politique nationale du gouvernement.
C’est aussi un ensemble mobilisé, plus que les sympathisants de LFI ou des écologistes par exemple, et un ensemble déterminé, avec une forte certitude de vote. Les électeurs de la liste RN sont sûrs de leur choix à 83 % (contre 70 % pour les sondés faisant le choix d’un bulletin Renaissance), de quoi constituer un socle solide, bien plus que celui de la gauche ou de la droite LR, où les sondés considèrent parfois à plus de 50 % que leur vote peut encore évoluer.
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